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Le Guépard

Le Guépard (Il Gattopardo), réalisé par Luchino Visconti en 1963, est une adaptation du roman éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Ce film historique et dramatique met en scène Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale.

L’histoire se déroule en Sicile au milieu du XIXe siècle, en pleine unification de l’Italie. Le prince Fabrizio Salina (Burt Lancaster), aristocrate sicilien, assiste impuissant au déclin de la noblesse et à l’ascension de la bourgeoisie. Son neveu ambitieux, Tancrède (Alain Delon), comprend que pour survivre aux changements politiques, il doit s’adapter.

Il s’engage aux côtés de Garibaldi avant de se rallier au nouveau pouvoir et épouse Angelica (Claudia Cardinale), la belle fille d’un riche maire bourgeois.

À travers le regard mélancolique du prince Salina, le film illustre la transition entre deux époques et le compromis entre aristocratie et bourgeoisie. L’œuvre culmine avec un bal somptueux, symbolisant la fin d’un monde et le début d’un autre.

Le Guépard est un chef-d’œuvre du cinéma italien, reconnu pour sa mise en scène somptueuse et sa reconstitution historique minutieuse. Il a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1963.

Bande annonce du film

Synopsis détaillé du film

Contexte historique

L’histoire se déroule en Sicile entre 1860 et 1862, en pleine période du Risorgimento, le mouvement d’unification de l’Italie. L’île est encore dominée par une aristocratie féodale, mais l’expédition des Mille menée par Giuseppe Garibaldi va bouleverser l’ordre établi et marquer la fin de la monarchie des Bourbons au profit du royaume d’Italie sous Victor-Emmanuel II.

Première partie : Le crépuscule de l’aristocratie

Le film s’ouvre en mai 1860, dans la somptueuse demeure du prince Fabrizio Salina (Burt Lancaster), chef d’une vieille famille aristocratique sicilienne. Alors qu’il prie avec sa famille, un domestique annonce la découverte du cadavre d’un soldat garibaldien, signe que la révolution approche. À l’extérieur, l’île est en pleine ébullition : Garibaldi et ses chemises rouges débarquent en Sicile pour renverser les Bourbons.

Le prince Salina, homme cultivé et lucide, sent que son monde est en train de s’effondrer. Contrairement à d’autres nobles qui s’accrochent à leurs privilèges, il comprend que le changement est inévitable. Son neveu favori, Tancrède Falconeri (Alain Delon), un jeune homme ambitieux et opportuniste, en est l’incarnation parfaite : plutôt que de résister, il rejoint les troupes de Garibaldi, déclarant avec ironie : « Il faut que tout change pour que rien ne change », une phrase qui résume tout le film.

Deuxième partie : L’ascension de la bourgeoisie

Alors que les troupes garibaldiennes avancent, Tancrède combat vaillamment et se distingue sur le champ de bataille. Il revient en héros et comprend rapidement que l’avenir appartient non plus à l’ancienne noblesse, mais aux nouveaux riches de la bourgeoisie montante. Il jette son dévolu sur Angelica Sedara (Claudia Cardinale), fille du maire Don Calogero Sedara, un riche propriétaire terrien roturier.

Le prince Salina, bien que méprisant cette bourgeoisie arriviste, reconnaît qu’elle est le nouvel ordre dominant. Il accepte donc le mariage de Tancrède avec Angelica, malgré l’indignation de sa propre fille, Concetta, qui est secrètement amoureuse de son cousin.

La famille Salina se rend alors dans la ville de Donnafugata, où Don Calogero les accueille dans sa villa. Angelica séduit tout le monde par sa beauté et son charme, y compris le prince lui-même. Il comprend que son neveu a fait un choix pragmatique : il épouse non seulement la beauté, mais aussi la fortune.

Troisième partie : Un pouvoir en mutation

Alors que l’ordre ancien vacille, une délégation officielle propose au prince Salina d’entrer dans le nouveau Sénat du royaume d’Italie. Mais il refuse. Il sait qu’il n’a plus de rôle à jouer dans cette nouvelle société et préfère se retirer dignement.

En parallèle, le rêve d’unification se fissure : Garibaldi, qui représentait l’idéalisme révolutionnaire, est trahi par les nouveaux dirigeants et ses troupes sont écrasées à Aspromonte. L’Italie unifiée est en réalité gouvernée par des compromis entre les anciens nobles et les nouveaux bourgeois.

Quatrième partie : Le bal, symbole du changement

L’une des scènes les plus célèbres du film est le bal somptueux auquel assiste la noblesse sicilienne, un dernier éclat avant l’extinction. Les invités dansent, festoient et échangent des banalités, mais en réalité, l’ancien monde vit ses derniers instants.

Le prince Salina observe la foule avec mélancolie, comprenant que la noblesse ne règne plus que sur des apparences. Il danse avec Angelica dans une scène magistrale, où il semble à la fois séduit par la jeunesse et conscient qu’elle ne lui appartient plus.

Après la fête, il sort seul dans les rues désertes et sombres. Fatigué et conscient de sa propre fin, il s’éloigne dans la nuit, métaphore de la disparition inéluctable de son monde.

Analyse et signification

Le Guépard est un chef-d’œuvre du cinéma et une réflexion profonde sur le passage du temps et la transformation des élites. Le prince Salina incarne la noblesse déclinante, lucide mais impuissante face au changement. Tancrède représente l’adaptation et l’opportunisme, prêt à trahir ses idéaux pour survivre. Angelica, quant à elle, est l’allégorie d’un monde neuf, séduisant mais superficiel.

Le film illustre la célèbre phrase de Tancrède : « Il faut que tout change pour que rien ne change. » En surface, la révolution semble bouleverser la Sicile, mais en réalité, une nouvelle élite remplace simplement l’ancienne, perpétuant les mêmes structures de pouvoir.

Avec sa mise en scène somptueuse, ses décors fastueux et sa photographie somptueuse de Giuseppe Rotunno, Le Guépard est une fresque historique magistrale, qui montre avec une profonde mélancolie la fin d’une époque.

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